Les fuites sur le rapport (1) que doit publier mercredi 3 octobre la Commission européenne à l'issue des stress tests européens suscitent de nombreux commentaires. Si ce rapport estime que la sureté nucléaire est en général satisfaisante au niveau européen, la plupart des critiques concerneraient les installations françaises.
Pour Delphine Batho, interrogée à l'occasion des questions au gouvernement ce mardi après-midi, le rapport ne révèle pourtant "aucun élément technique nouveau" par rapport aux conclusions de l'Autorité française de sûreté nucléaire (ASN) publiées à l'issue des évaluations complémentaires de sûreté, lancées après Fukushima. Pourtant, le rapport aborde la question de la sécurité, qui ne faisait pas partie des périmètres des travaux de l'ASN…
Quid de l'audit de sécurité lancé en décembre 2011 ?
Le rapport souligne d'abord que, dans les centrales françaises, les équipements de secours en cas d'accident ne sont pas adéquatement protégés des éléments. Ce point figure parmi les prescriptions de l'ASN, détaillées le 28 juin dernier. Celle-ci demandait d'ailleurs aux exploitants la mise en œuvre d'un "noyau dur", au sein de toutes les installations, permettant de maintenir, même en cas d'événement de grande ampleur, les fonctions essentielles à la sûreté (locaux de crise robustes, moyens mobiles d'intervention, moyens de communication, d'évaluation de l'état du site et de l'environnement, d'alimentation de l'eau de secours, dosimètres…). Les exploitants devaient remettre avant le 30 juin 2012 leurs propositions relatives au noyau dur pour chaque site.
Ce noyau dur devra également être doté de moyens électriques "bunkerisés", pouvant résister aux événements extrêmes. Ceux-ci devront être mis en place d'ici 2018 et en attendant, les exploitants disposent d'un délai d'un an et demi pour mettre en place des moteurs diesel de secours provisoires.
Le rapport européen pointerait également des facteurs de risques liés à des scénarios extrêmes (tremblement de terre, inondations, résistance par conception à des secousses ou à des impacts comme la chute d'un avion). L'ASN a publié des prescriptions concernant la résistance au séisme et aux inondations. En revanche, un audit sur la sécurité (risque terroriste…) avait bien été commandé par François Fillon à la suite de l'intrusion dans deux centrales de militants de Greenpeace, mais ses conclusions n'ont pas été publiées pour l'heure. En juin dernier, un rapport européen a été publié sur cette question. Il identifiait les bonnes pratiques internationales sur la sécurité, sans faire état des défaillances site par site.
Le rapport doit être validé par la Commission mercredi, avant une éventuelle présentation au sommet des chefs d'État et de gouvernement, les 18 et 19 octobre prochains.